Bref historique avec les vestiges géographiques
Cet article provient d'un bref historique de la paroisse, retrouvé imprimé sur une feuille A5 recto-verso, rédigé sans doute à l’occasion du passage de l’an 2000, et qui devait être distribué dans l’église.
A travers ce document sont listés différents lieux du quartier (rues, établissements ...) faisant référence à l'histoire
Le quartier dit de La Courtille (Plan de Bâle 1551) dans lequel se trouve la paroisse Saint Joseph a longtemps abrité des jardins champêtres et des vergers où les Parisiens venaient prendre l'air, boire et chanter, dans des cabarets dont le plus célèbre, celui de Ramponneau, s'élevait à l'angle de la rue de l'Orillon (ex rue de Riom) et de la rue Saint Maur (chemin qui allait de l'abbaye de Saint Maur des Fossés à l'abbaye de Saint Denis). Pour Mardi-gras, les parisiens, après avoir "ramponné" toute la nuit, c'est à dire "bu du vin jusqu'à ne plus voir les bouteilles", descendaient la Courtille (rue du Faubourg du Temple) au petit matin du Mercredi des Cendres, dans un cortège exubérant. Cette tradition s'est maintenue très longtemps jusqu'à une période récente.
Ce quartier peut se délimiter au Nord-Est par la Barrière de la Chopinette qui part de la place du Combat (Boulevard de la Villette et place Colonel Fabien), et par le Boulevard de Belleville qui s'appelle alors Barrière de Ramponneau et Barrière des Trois Couronnes. Vers le Sud-Est les limites sont proches de l'Avenue des Amandiers (Avenue de la République); le théâtre des Amandiers perpétue ce nom. Au Sud-Sud-Ouest du côté de Paris c'est le canal Saint Martin qui coupe le quartier du centre de Paris, de la place du Château d'Eau (place de la République), du Boulevard du Temple et de ses nombreux théâtres ou cirques (le cirque d'hiver). L'enclos de l'Hôpital Saint Louis marque la limite Nord-Nord-Ouest.
Pendant le Second Empire ce quartier se peuple d'ouvriers et de petites gens autour d'ateliers, de petites industries, de petits commerces qui s'installent là, et dont quelques-uns subsistent encore aujourd'hui. Leur mémoire est perpétuée par des noms de rue (passage de la Fonderie; passage de l'Industrie; Cour des Fabriques...). Les rues et avenues sont tracées. L'avenue Parmentier qui part de la maison où le grand savant est mort en 1813, au 68 rue du Chemin Vert et vise au Nord l'Hôpital Saint Louis, est percée, par tranches, dés 1818, mais n’est terminée qu'en 1887.
Ce sont ces transformations du quartier qui amènent le clergé à s'intéresser aux provinciaux et aux étrangers implantés dans les cours et appentis souvent dans des conditions très précaires. L'Évêché crée en 1852 la paroisse Saint Joseph. Dans la même période, la Mission Populaire Protestante s'installe rue de la Fontaine au Roi.
Le territoire qui allait devenir celui de la paroisse Saint Joseph est pris en partie sur celui de la paroisse Saint Laurent devenue trop éloignée et difficile d'accès depuis le creusement du canal Saint Martin et, en partie sur celui de la paroisse Saint Ambroise.
Les premiers locaux provisoires sont situés rue du Corbeau, aujourd'hui rue Jacques Louvel Teissier (un restaurant: "au Corbeau Blanc", rappelle ce nom au coin de l'avenue Parmentier) C'est là que l'on célèbre la Messe dans un grand hangar et que se déroulent les activités de la paroisse de 1852 à 1874
La recherche d'un terrain plus vaste, la guerre de 1870, la Commune, (les dernières barricades étaient dressées dans le quartier et la toute dernière 17 rue de la Fontaine au Roi) et divers évènements, retardent les travaux. L'église actuelle, bâtie sur les plans du célèbre architecte Ballu, est ouverte au culte en 1874. Elle s'élève sur les terrains d'une ancienne caserne dont l'entrée donnait sur le faubourg. Elle ne sera consacrée qu'en 1891, l'année de la grande encyclique Rerum Novarum. Tout un programme pour notre paroisse qui pendant ses années de jeunesse a traversé les grandes crises de la fin du 19ème siècle et a vu naître les grands mouvements sociaux et chrétiens: le Second Empire, la guerre de 70, la République, mais aussi les grandes lois libérales comme celle sur la liberté de la presse et celle sur la liberté de réunion, celle sur la liberté syndicale et en même temps les lois anticléricales, la loi sur les congrégations, celle sur l'enseignement laïc obligatoire, l'expulsion des Jésuites, l'affaire Dreyfus qui entraîna une mise à sac et un pillage de la nouvelle église en 1899, et encore et surtout la naissance des syndicats et l'émergence des grands mouvements du christianisme social.
Ouverte sur le quartier et sur ce qui s'y vit, ouverture symbolisée par le bâtiment orienté vers le Nord contrairement à la tradition, avec un porche qui se veut accueillant et "pont" avec la vie des habitants du quartier, la communauté de Saint Joseph, depuis plus de 100 ans, rassemble là des chrétiens d'origines diverses qui veulent partager, avec le plus grand nombre, leur mission de baptisés, témoins, face à l'avenir et à l'an 2000, que Dieu aime tous les hommes et leur ouvre les portes de la Foi .
Ici, avec les communautés constituées autour de la chapelle de l'Hôpital Saint Louis et autour de la chapelle Notre Dame Réconciliatrice continuent de se cotoyer, dans ce quartier plein de réminiscences du passé, non plus des Français et des Etrangers venus d'ailleurs, riches de leurs origines de leurs coutumes et de leurs traditions, non plus des inconnus les uns envers les autres, mais des hommes et des femmes devenus proches et frères, qui, ensemble sont la paroisse Saint Joseph des Nations.