Histoire de l'hôpital et de la chapelle Saint Louis
La construction de l'hôpital
Il y a quatre siècles, à une demi-heure de Paris, un hôpital et une chapelle.
A la suite des épidémies de peste qui sévirent à Paris dans les premières années du XVIIe siècle, les administrateurs de l'Hôtel-Dieu de Paris souhaitèrent construire une "maison de santé", à la fois proche et en dehors de la ville. Elle devait permettre de doubler la capacité d'accueil de l'Hôtel-Dieu dont l'ensemble des services étaient assurées par les "Religieuses de l'Ordre des Augustins de l'Hôtel-Dieu".
S'agissant d'une maison de santé, il convenait de prévoir une séparation entre les malades contagieux et les malades ordinaires tout en assurant aux uns et aux autres le soutien matériel et spirituel indispensable à leur état.
Le roi Henri IV, par un édit de 1607, décida que :
- l'Hotel-Dieu recevrait pendant 15 ans, une certaine somme sur la quantité de sel vendu à Paris, en charge pour lui de bâtir l'hôpital, de le meubler et de l'administrer.
- cette fondation devrait rappeler la mémoire du roi Saint-Louis mort de la peste en 1270.
les malades contagieux disposaient d'oratoires
Le terrain fut choisi au nord de l'enceinte de la ville entre les portes du Temple et Saint-Martin, à l'est de la rue conduisant de Paris à Meaux (aujourd'hui en partie rue de la Grange aux Belles) non loin au nord-est de Montfaucon. Les plans furent établis par l'architecte Claude Vellefaux.
Les batiments destinés aux contagieux étaient séparés des champs environnants par des murailles enclosant des potagers. Ils formaient un grand carré central. A chaque angle était hébergé le personnel (religieuses, médecins, infirmiers, aumôniers).
Les cuisines, boulangeries et offices étaient situés en dehors de la cloture communiquant avec l'intérieur par un dispositif appelé "Tour" : sorte d'armoire cylindrique tournant sur un pivot et enchassée dans l'épaisseur du mur. Par ailleurs les malades contagieux disposaient d'oratoires dans les pavillons d'angle.
La construction de l'hôpital Saint-Louis se termina fin octobre 1610. En tant qu'annexe de l'Hotel-Dieu, l'hopital ne fonctionnera que par intermittence, en cas d'épidémies. Ce n'est plus tard que, fin XVIIIe siècle et dans le courant du XIXe siècle, que Saint-Louis devint spécialisé dans les maladies de la peau.
Aujourd'hui, le nouvel hôpital est à la pointe de la technologie et aux disciplines traditionnelles s'ajoutent des spécialités nouvelles : néphrologie, urologie, maladies infectieuses, réanimations médicales qui confèrent à l'établissement la double vocation d'hôpital général et d'hôpital spécialisé.
La chapelle Saint-Louis
L'hôpital s'aggrandit et la chapelle fut enclose dans ses murs.
Henri IV voulait également offir des ressources spirituelles aux personnes extérieures à l'hôpital, d'où la construction de la chapelle en dehors des murs de clôture de l'hôpital.
Le 13 juillet 1607, deux mois seulement après sa décision de construction, Henri IV vint lui-même poser la première pierre de la chapelle. Le gros-oeuvre était achevé fin 1608 et les marchés passés pour l'achèvement, soit entre autres, deux cloches bien sonnantes et concordantes, ainsi que trois "images" en pierre, de la hauteur de 3 pieds, représentant la Vierge, Saint Jean et Saint Louis. Elles sont commandées à Nicolas de Cambrey, sculpteur rue Saint Martin qui doit les livrer "taillez avec leurs habits et vêtements, les lisières seront d'or, à l'huile et les rendra d'azuré et les dessus de blanc pour le tout faict et parfaict dans la fin du présent mois, moyennant la somme de 90 livres tournois".
Le 25 août 1609, le jour de la Saint Louis, le public est admis à pénétrer dans la chapelle dont les murs avaient été pour la circonstance tendus de tapisseries. En mai 1610, un "chapelain" résident était nommé pour y célébrer les offices et tenir les registres d'Etat Civil.
Le même mois, le 14 mai 1610, Henri IV est assassiné. C'est le 14 juillet de cette même année que fut célébrée la première cérémonie dans la nouvelle chapelle : un service funèbre pour le repos de l'âme de Henri IV. C'était trois ans jours pour jours après la pose de la première pierre.
La chapelle se dresse ainsi pendant longtemps à côté des murs d'enceinte de l'hôpital. Elle était fréquentée par le personnel de l'hôpital et par les habitants du voisinage, des "laboureurs". L'hôpital s'aggrandit et la chapelle fut enclose dans ses murs.
Sous la révolution de 1789, les vitraux et les statues furent brisés et les cloches fondues. Son visage actuel est le témoin d'un passé dont on a cherché à effacer les plaies par des restaurations plus ou moins réussies.
Rendue au culte sous la Restauration, la petite histoire raconte que c'est dans cette chapelle que, pour la messe de minuit 1816, fut inauguré officiellement un éclairage au gaz qui enchanta les contemporains : un journaliste écrit à l'époque, après la description de l'usine à gaz installée dans l'hôpital (rappelé actuellement par une plaque commémorative) que "la lumière produite par le gaz est pure, brillante et sans odeur ; les robinets, adaptés aux tuyaux, permettent de distribuer à volonté, de manière que les malades ne soient pas incommodés la nuit par son éclat et ques les infirmiers puissent faire facilement leur service, avantages, qu'on n'avait pu réunir avec les lampes à huile".
Aujourd'hui
La décision du Cardinal Lustiger dans les années 1980 d'ouvrir le maximum de lieux de prière à la dévotion des fidèles, avec l'accord de l'Assistance publique a permis à la chapelle d'échapper à un certain repli et de retrouver ainsi un deuxième souffle.
Déjà, autour des "Amis de la chapelle", une dynamique nouvelle est née. Voir la page internet de l'association des Amis de la chapelle
Au rytme de l'écoulement du temps en semaines, le dimanche, malades et "laboureurs" viennent prier, toujours plus nombreux. L'aumônerie catholique présente sur l'hôpital travaille en lien avec la chapelle. Voir le site internet de l'aumônerie catholique de l'hôpital Saint-Louis
Descriptif de la chapelle
A l'extérieur, la façade montre au centre une grande arcade en plein-cintre, flanquée de deux niches, l'une renfermant une statue de Saint-Louis, l'autre de Saint-Roch. Le campanile qui surmonte la chapelle a été édifié en 1671. En juillet 1721, une cloche nommée Marie-Antoinette fut montée dans le clocher. Le 7 février 1811, pour remplacer celle détruite à la Révolution, une cloche nommée Jeanne-Louise fut bénite.
A l'intérieur, la chapelle est formée d'une nef de quatre travées voutées en berceau surbaissé, puis d'un trancept vouté en arêtes et enfin d'un choeur en cul-de-four, le tout épaulé par des contreforts extérieurs. Aujourd'hui, elle a perdu son ancienne décoration, ses vitraux d'origine et les "trois images" de Nicolas de Cambray. Elle a toutefois gardé, au dessus de la porte d'entrée, sa tribune cintrée, ornée des chiffres d'Henri IV et de Marie de Médicis. Dans anges sonnant de la trompette sont sculptés dans les écoinçons. Un balcon sur consoles occupe le milieu de la tribune. Le baptistère en bronze est toujours là et sa décoration rapelle le baptème de Jésus par Jean-Baptiste.
Voir le site internet consacré à la chapelle.